Conserver / Restaurer / Reconstruire / Restituer : Les archipels de la pensée mythique au Japon et en Europe

Le Japon a mis au point une stratégie originale pour combattre l'érosion de ses monuments : la reconstruction périodique. Au sanctuaire d'Ise, Illustration 1 tous les vingt ans, avant d'être rasés, les édifices anciens servent de modèle pour bâtir ceux du nouveau temple sur un terrain adjacent. Décrites depuis le VIe siècle, la continuité de cette pratique et l'utilisation d'un modèle font de ce sanctuaire le détenteur d'une authenticité, celle de la forme des édifices transmise par la répétition rituelle de l'acte de bâtir.

Le cas du sanctuaire d'Ise est particulier, il est même exemplaire. La pratique de reconstruction connue sous le nom de shikinen-sengû à Ise se retrouve dans des formes conjuguées pour l'ensemble de l'architecture shintô, palatine et bouddhique : les périodes de temps entre les reconstructions peuvent varier, l'échelle et les lieux des édifices reconstruits sont susceptibles de changer, les matériaux peuvent être remplacés, la présence du modèle n'est pas absolue. (On utilisera alors plus facilement l'expression shikinen-zôtai ou simplement zôtai.) Illustration 2, Illustration 3, Illustration 4, Illustration 5.

Ainsi, au Japon, depuis le début des périodes historiques, un édifice pourra avoir été reconstruit plusieurs dizaines d'années après son démontage ou sa destruction, en un autre lieu et à une autre échelle, dans des matériaux différents ou partiellement renouvelés. Ces pratiques de reconstruction s'éloignent de la conservation ou de la restauration au sens moderne et se rapprochent davantage d'une pratique de restitution. Illustration 7, Illustration 8, Illustration 9, Illustration 10.

Doit-on se contenter d'envisager ces restitutions, anciennes ou modernes, comme des édifices représentatifs de l'époque à laquelle ils furent bâtis, ou au contraire, peut-on les envisager comme des monuments caractéristiques d'époques qu'ils tentent de restituer ? C'est ce qui apparaît à la lecture des ouvrages classiques d'histoire de l'architecture japonaise. Les historiens y revendiquent que de nombreux édifices sont détenteurs d'un passé plus ancien que leurs matériaux, d'un passé plus ancien que leur construction. Ainsi, ils considèrent le pavillon principal du palais impérial (le shishinden) – construit en 1855 avec l'intention de retrouver la forme de celui de l'époque Heian –, comme une architecture représentative de l'époque Heian (milieu du Xe siècle – fin du XIIe siècle). Pris dans une longue tradition de reconstruction et de restauration, les historiens japonais soutiennent que l'acte de bâtir repose traditionnellement sur l'évocation du passé et ils vont même jusqu'à faire valoir les ruses de la mémoire (transmission du savoir artisanal, continuité des pratiques de reconstruction, transmission orale de légendes, etc.) comme critères d'une authenticité. C'est ainsi que les livres d'histoire de l'architecture nipponne semblent se délivrer d'un fondement du savoir historique privilégié en Occident : l'ordre du temps.

Cette architecture souvent dépourvue de patine a fait placer les pratiques architecturales japonaises aux antipodes de celles de l'Occident qui en oubliait que le Japon possède lui aussi des édifices authentiques dans leur matérialité Illustration 11, Illustration 12, Illustration 13, Illustration 14, Illustration 15, Illustration 16. Quoi qu'il en soit, les concepts temporels nippons restent-ils historiques ou posent-ils les monuments japonais dans des temps imaginaires ? Et, est-il certain que ce type de pensée a bien été aboli dans l'histoire de l'architecture occidentale ?

En effet, d'Augustus Pugin (1812–1852) à Nikolaus Pevsner (1902–1983), les historiens européens se sont principalement attachés à expliquer le progrès des sociétés (stylistique, technique, spatial) par le biais des transformations architecturales. Non pas que l'idée soit fausse, mais elle contraignit largement la structure de leurs ouvrages construits sur des chronologies ponctuées par des collections de monuments. Or, pour imaginer cette structure dans la rédaction d'ouvrages d'histoire de l'architecture – où chaque monument ne sert généralement à représenter qu'une seule époque –, il faut avoir préalablement assumé que l'acte de bâtir soit un art créatif dans lequel l'édifice nouveau traverse le temps sans s'altérer. Ce précepte, fondamental à l'écriture de tels ouvrages, permet d'évincer les questions relatives à l'altération des édifices (décrépitude ou restauration) et à certains motifs de leurs constructions (commémoration, restitution ou création). Mais, plus que cela, ce précepte est un subterfuge idéal pour figurer la transposition des monuments dans leur époque originelle. Ainsi, depuis le début de l'époque victorienne – et jusqu'au milieu du XXe siècle, époque de l'essor de l'archéologie du bâti en Europe –, ce même stratagème a codifié les ouvrages généraux d'histoire de l'architecture occidentale. Dans ces ouvrages, la cathédrale Saint-Front de Périgueux, largement rebâtie au XIXe siècle, était le plus souvent annoncée comme une architecture authentique du XIIe siècle, et le fait qu'un édifice ait été en grande partie reconstruit en l'espace de quelques siècles n'était quasiment jamais considéré. Ainsi, les monuments d'Occident ont longtemps été les archipels de fantasmagories temporelles.

Aujourd'hui, au Japon comme en Europe, les restitutions d'édifices ne sont généralement mises en œuvre que pour remédier à leur absence. Il apparaît également que les restitutions graphiques fleurissent au détriment des restaurations tentant de remettre un édifice dans son état authentique. Doit-on attribuer ce choix à un excès de nostalgie devant les possibles pertes dues aux travaux de restauration ? Ou, est-ce que devant l'histoire enchevêtrée d'un édifice, le choix de la période à restituer serait trop arbitraire ? Ces questions font apparaître qu'au Japon comme en Europe, les critères temporels de la conservation, de la restauration, de la restitution, voire de la création, sont à même de bouleverser l'ordre du temps privilégié jusqu'alors dans les disciplines historiques.

Par contre, si l'on considère l'histoire et l'architecture comme des pratiques de la mémoire, les paradoxes entre textes et monuments s'expliquent en partie par l'ubiquité de ce que l'on entend par création. En effet, dans l'acte qui consiste à produire quelque chose de nouveau, d'original, est sous-entendue la préexistence de matériaux, de données et d'expériences. Ainsi, toute conservation ou restauration est intrinsèquement créative, de la même manière que toute création ou restitution préserve quelque chose du passé. Alors, si notre question était celle de l'authenticité d'un édifice, la réponse que Claude Lévi-Strauss donne sur l'authenticité des versions d'un mythe éclaire les problématiques posées par toutes les pratiques architecturales évoquées : « Il n'existe pas de version « vrai » [d'un mythe] dont toutes les autres seraient des copies ou des échos déformés. Toutes les versions appartiennent au mythe. »

De nos jours, les préservations de monuments en l'état ou les restaurations cherchant à se rapprocher d'un état ancien traduisent en partie notre nostalgie du passé et notre frilosité dans l'aventure du présent. Mais rappelons aussi que ce refus d'imposer des marques aux édifices anciens est déjà un stigmate laissé par notre époque, qu'il n'a pas de précédent dans l'histoire, et que ce trait particulier sera peut-être le sujet d'une nouvelle strophe dans l'allégorie de la création architecturale.

De temps immémorial l'architecture fut un terrain de prédilection pour partir à La conquête du passé. De nombreux poètes y ont effectivement vu une machine à remonter le temps. Et, pour beaucoup, l'illusion d'y avoir réussi fut si poignante que l'édifice était tel un miroir où se confondaient souvenirs romantiques et réalité. Ainsi, dans la quête du temps perdu, nombreux sont les poètes qui se sont inspirés de l'architecture et qui ont trouvé en son histoire un refuge où l'on fantasme les monuments. Et la complicité entre artisans et poètes fut parfois d'une telle intensité, que l'architecture et son histoire sont encore les archipels du mythe.

Pour conclure, je suivrai une coutume des études comparatives sur l'histoire monumentale entre le Japon et l'Europe : évoquer le Parthénon au côté du sanctuaire d'Ise. Lors de sa première visite au Parthénon, Le Corbusier fut horrifié. Le temple lui apparut sous la figure d'un « monstre », car les restaurateurs avaient fait disparaître du site les constructions plus récentes, laissant ainsi le monument seul, hors du temps. Celui qui voulait raser le vieux Paris, éprouva-t-il de la nostalgie devant la disparition des marques imposées par le temps ? Dans cette restauration du Parthénon – version de l'édifice au XXe siècle –, les archéologues voulurent-ils rétablir l'édifice en son site original ou voulurent-ils restituer l'image pittoresque et exotique que l'on se faisait alors de la Grèce ancienne ? La restauration du monument et du site édifiait là une fantasmagorie. Mais, n'est-ce pas la même attitude que l'on retrouve au sanctuaire d'Ise, où la continuité de la forme des pavillons est idéalisée, où la répétition ininterrompue des pratiques de reconstruction est une légende, où la disposition des édifices sur le site est une restitution faite au XXe siècle d'une autre plus ancienne Illustration 17. Bien que connues, ces informations sont, en histoire, le plus souvent confiées au royaume de l'oubli.

De la villa Adriana (édifiée sur une mémoire vive à Tivoli) – en passant par le Kinkaku (pavillon doré rebâti sur ses cendres à Kyôto) Illustration 18, ou encore par le Ginkaku (inspiré d'un modèle autre que celui de la légende) Illustration 19 – jusqu'à la villa Getty (bâtie sur une mémoire morte à Los Angeles), ne s'agit-il pas d'une même intention correspondant au désir d'évoquer le passé en le restituant, en le restaurant ? Et peut-être tout simplement, un édifice est un objet de mémoire avant d'être celui de l'histoire.

Liste des photographies


Illustration 1-Ise-jingû-naikû (sanctuaire intérieur d'Ise), pavillon grenier (mishinenomikura), le 02/11/2002, préfecture de Mie, ville d'Ise, [ref.084a57b44c], © J.S.C.

Le sanctuaire d'Ise, qu'on appelle aussi le Ô-Ise-san, Ise-jingû, Dai-jingû, ou encore simplement Jingû, est composé de deux sanctuaires majeurs : le sanctuaire intérieur, le Kôtai-jingû, et le sanctuaire extérieur, le Toyouke-dai-jingû, distant l'un de l'autre d'environ sept kilomètres et demi. Deux divinités majeures – la divinité ancestrale de la Maison impériale, Amateratsu-Ômikami, et la divinité de la nourriture, Toyouke-Ômikami – y sont respectivement vénérées. Les deux domaines sacrés où sont érigés les deux palais divins abritent aussi quatorze sanctuaires auxiliaires majeurs, bekkû, et cent neuf sanctuaires mineurs dans lesquels sont compris les sessha, massha et shokansha. Ces deux domaines sacrés sont des lieux déclarés tabous, isolés par l'eau, les montagnes et cachés au milieu d'une forêt dense d'immenses cyprès du Japon. Dans tout le pays, de nombreux sanctuaires shintô sont subordonnés au Jingû.
Les pavillons d'Ise-jingû ont été reconstruits en 1993, mais leur forme aurait été conservée à travers les multiples reconstructions depuis au moins le VIIe siècle.

Illustration 2-Izumo-taisha, le 08/2002, préfecture de Shimane, ville d'Izumo, [ref.panorama], © J.S.C.

L'existence de ce sanctuaire shintô est attestée depuis le VIIe siècle. On y pratiquait shikinen-zôtai. Les édifices actuels datent de 1874, ils ont été reconstruits sur le modèle de ceux des précédents, datés de 1744.

Illustration 3-Nishina Shinmeigû, honden et haiden, le 17/09/2002, préfecture de Nagano, ville de Oomachi ; [ref.179a11b7c], © J.S.C.

Dans ce sanctuaire shintô on pratiquait le shikinen-zôtai. La dernière reconstruction eut lieu en 1636.

Illustration 4-Kamosu-jinja, honden et haiden, le08/2002, préfecture de Shimane, ville de Matsue ; [ref.109a11b2c], © J.S.C.

Dans ce sanctuaire shintô on pratiquait le shikinen-zôtai. Les édifices actuels furent reconstruits en 1583.

Illustration 5-Sumiyoshi-taisha, honden, le 26/11/2002, ville d'Osaka, [ref.222a23b2c], © J.S.C.

Le Sumiyoshi-taisha est un sanctuaire shintô situé à Osaka, ancienne ville de Naniwa. Ce sanctuaire suivait le rite du shikinen-zôtai. Le honden (pavillon majeur) actuel date de 1410. Aussi, les pavillons de ce sanctuaire attesteraient d'une forme plus ancienne, d'une forme modèle : celle du Daijô-kyû. Véritable palais céleste, ce dernier est supposément, depuis le VIe siècle, reconstruit à l'identique à l'occasion de la consécration de chaque nouvel empereur. Mais, sitôt la cérémonie terminée, le palais céleste est détruit.

Illustration 6-Kyôto Gosho, shishinden, le 11/08/2005, ville de Kyôto, [ref.142a13b6c], © J.S.C.

Après le transfert de la capitale de Heijô-kyô (Nara) à Heian-kyô (Kyôto) au VIIIe siècle, les bâtiments du palais impérial ont été de nombreuses fois la proie des flammes (seize incendies entre 960 et 1227). Après chaque destruction, totale ou partielle, des travaux de reconstruction furent entrepris. Au cours de ces périodes de restauration, la cour occupait temporairement des résidences d'aristocrates. Après de trop nombreuses destructions et reconstructions, le site originel du palais fut abandonné et les empereurs habitèrent de manière permanente ces résidences de remplacement. Ainsi, ce n'est que peu après la guerre entre les deux dynasties impériales de l'époque Nampokuchô (1333-1392) que le palais impérial de Kyôto occupe le site actuel.
Les bâtiments du palais impérial ne sont pas pour autant de cette époque. Les deux édifices principaux du palais, le shishinden et le seiryôden, datent de 1855 : ils sont les reconstitutions des édifices précédents bâtis en 1790 qui ont disparu dans l'incendie de 1854.

Illustration 7-Nanzen-ji, hôjô, le 03/12/2004, ville de Kyôto, [ref.171a11b7c], © J.S.C.

Le pavillon du Nanzen-ji appelé daihôjô est un ancien seiryôden du palais impérial. Construit en 1590, il fut transféré au Nanzen-ji lors de la reconstruction du palais en 1611.

Illustration 8-Heian-jingû, taigokuden, le 30/09/2005, ville de Kyôto, [ref.054bisa12b4c], © J.S.C.

Le Heian-jingû, sanctuaire shintô, fut construit en1895, date anniversaire du onzième centenaire de la fondation de Heian-kyô (actuelle Kyôto). Les pavillons furent d'abord le symbole de la « Quatrième Exposition de l'Industrie Intérieure » avant de devenir ceux du sanctuaire actuel. Ces édifices sont une reconstitution des pavillons du palais impérial de Kyôto tel qu'il était au VIIIe siècle. L'exactitude de cette restitution (échelle 5/8ème) fut assurée par deux architectes d'importance, Itô Chûta et Kigo Kiyotaka. Pour exécuter ce projet, ils se sont appuyés sur l'ouvrage d'Uramatsu Kôzei, intitulé Daidairizu Kôshô (écrit entre 1758-1788), ouvrage qui avait déjà servi de base pour restituer le palais impérial en 1790.

Illustration 9-Yakushi-ji, tôtô, le 16/12/2002, Nara, Nara, [ref.249a14b5c], © J.S.C.

Illustration 10-Yakushi-ji, sanjûnotô (pagode à trois étages avec trois mokoshi, 1981), le 16/12/2002, Nara, Nara, [ref.249a24b10c], © J.S.C.

Dans l'enceinte du Yakushi-ji, temple bouddhique situé à Nara, ancienne capitale impériale du nom de Heijô-kyô, la pagode Est, achevée en 730, est le seul bâtiment authentique. Datée du VIIIe siècle, elle fut (re)construite à l'occasion du transfert de la capitale impériale – dans ce cas de Fujiwara-kyô à Heijô-kyô – et par là même du Yakushi-ji. A cette époque, ce temple comportait deux pagodes identiques. Celle de l'Ouest fut détruite dans un incendie en l'an 1528. Elle fut reconstruite à l'identique de la précédente, sa sœur jumelle, et achevée en 1981.

Illustration 11-Hôryû-ji, hondô, le 27/11/2002, préfecture de Nara, ville d'Ikagura, [ref.073a715b7c], © J.S.C.

Le Hôryû-ji, monastère bouddhique situé dans la ville d'Ikaruga, au Sud de Nara, possède les constructions bouddhiques les plus anciennes du Japon. Le hondô (pavillon majeur) et la pagode de ce monastère datent de la fin du VIIe siècle – début VIIIe siècle.

Illustration 12-Jôdo-ji, jôdodô ou amidadô, façade arrière, le 26/10/2002, préfecture de Hyôgo, ville d'Ono, [ref.095a22b7c], © J.S.C.

Ce pavillon est une des rares constructions édifiées par les soins du moine Chôgen à qui l'on doit l'ordre architectural dit daibutsu (ordre du grand bouddha). Ce pavillon date de 1192.

Illustration 13-Fuki-ji, pavillon Ôdô, prefecture d'Ôita, Bungo-Takada, le 08/2002, [ref.043a12b12c], © J.S.C.

Ce temple également appelé Fuki-dera fut fondé en 718. Le Ôdô date du XIIe siècle.

Illustration 14-Kitano Tenmangû, honden ishinoma haiden gakunoma, le 08/2002, ville de Kyôto, [ref.124a12b44c], © J.S.C.

Les bâtiments du sanctuaire shintô du Kitano-Tenmangû, situé au Nord Ouest de Kyôto, sont des constructions datées du XVIIe siècle.

Illustration 1515-Nikkô-Tôshôgû, honden, ishinoma, haiden, le 19/09/2002, Tochigi, Nikkô, [ref.175a36b6c], © J.S.C.
Illustration 16-Nikkô-Tôshôgû, Yômeimon, le 19/09/2002, Tochigi, Nikkô, [175a46b4c], © J.S.C.

Le Nikkô-Tôshôgû est un sanctuaire shintô dédié à Tokugawa Ieyasu (1542-1616). Les travaux ont commencé en 1617 pour s'achever l'année suivante, puis une réfection de grande ampleur fut entreprise par Tokugawa Iemitsu (1604-1651) de 1634 à 1636.

Illustration 17-Ise-jingû-naikû, sanctuaire auxiliaire Aramatsurinomiya, le 02/11/2002, préfecture de Mie, ville d'Ise, [ref.084a67b12c], © J.S.C.

Voir la légende de la photographie n°1. Reconstruction de 1993.

Illustration 18-Rokuon-ji (Kinkaku-ji), Kinkaku (pavillon doré), le 13/09/2002, ville de Kyôto, [ref.122a12b5c], © J.S.C.

Le Kinkaku fut construit en 1398 pour les besoins de Yoshimitsu (1358-1408), troisième shôgun des Ashikaga. Ce pavillon est d'une architecture palatine, c'est-à-dire un bâtiment résidentiel d'un homme du pouvoir, mais il est aussi une chapelle, un lieu de retraite et de méditation. En 1950, ce pavillon fut détruit par un incendie. Il fut reconstruit à l'identique dès 1955.

Illustration 19-Jishô-ji (Ginkaku-ji), Ginkaku (pavillon argenté), le 14/12/2004, ville de Kyôto, [ref.093a33b11c], © J.S.C.

Ce pavillon fut construit par Ashikaga Yoshimasa (1436-1490) en 1483. C'est au cours de la première moitié de l'époque d'Edo que le pavillon du bouddha Kannon pris le nom populaire de Ginkaku. Au moins depuis cette époque, une légende dit que Yoshimasa, petit-fils de Yoshimitsu, s'est inspiré du pavillon de son grand-père (le pavillon doré) pour construire le sien. Son désir aurait été de recouvrir ce lieu de retraite de feuilles d'argent, ce qui n'advint jamais. Aucune preuve n'atteste de la véracité de cette légende, au contraire : le Ginkaku aurait été bâti sur un tout autre modèle, le shariden (pavillon des reliques) du Saihô-ji, pavillon aujourd'hui disparu.

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août 2007
Jean-Sébastien Cluzel
Docteur et architecte DPLG