Étude des interactions entre humains et non-humains auprès de la rivière Khauraha, dans la banbhoj sthal de la Bufferzone du Parc National de Bardiya (Népal)

Dans le cadre du Séminaire du Centre d’études himalayennes, le CEH accueille Nolwen Vouiller, doctorante en anthropologie, EHESS- Université de Liège et Alois Belie, M2 Anthropologie, EHESS

? 13 janvier, de 15h à 18h
À propos de l'événement
Nolwen Vouiller
Le présent projet de thèse se base sur une première investigation ethnographique de trois mois menée au Népal, auprès d’une trentaine d’interlocuteurs d’ethnies, de castes et de provenances variées (Tharus, Brahmanes, Chhetris, Intouchables, touristes ou habitants étrangers) fréquentant la zone de Hattisar appartenant au village de Tharkurdwara, à la lisière du Parc National de Bardiya. Grâce à ses 1 000 km² de prairies herbeuses, de forêts et de rivières (le réseau de la Karnali), ce Parc, créé en 1988, abrite de précieuses espèces désormais protégées – mais toujours en danger – et qui peuvent se montrer dangereuses: rhinocéros à une corne, éléphant asiatique, léopard commun, tigre du Bengale, crocodile gharial et autres. À la lisière de cette forêt, dans un espace de 507 km² appelé ’buffer zone’, un ensemble de villageois (fermiers, guides, mahuts, enfants, militaires, directeurs de resort...) vivent en compagnie d’animaux domestiques (buffles, chèvres, cochons, poules, chiens, éléphants domestiques...). Malgré les dispositions prises par le gouvernement pour séparer la forêt et ses animaux des villageois (contrôles, barrières, sensibilisation...), les rencontres – parfois meurtrières – appelées Human Wildlife Conflict (HWC), s’intensifient. Il apparaît que la rivière Khauraha (segment de la Karnali), qui prend place sur la banbhoj sthal de Bardiya, joue le rôle de médiatrice entre humains, animaux sauvages, animaux domestiques voire invisibles (déités, esprits). Dans toute son ambivalence, à la fois dangereuse (pollution, inondations, courant, crocodiles) et nécessaire (ressource, lieu de rites), elle fait office de frontière naturelle qui relie et sépare les individus, au rythme des saisons. En un lieu précis, banbhoj sthal et Khauraha représentent l’occasion d’étudier à la fois des habitudes et des adaptations, des représentations et des croyances, et enfin des manières de vivre des frontières et des territoires (coexistence).
Alois Belie
La vallée de Rolwaling (district de Dolakha), abrite une communauté de Sherpas située dans un contexte religieux et environnemental particulier. Le caractère encaissé de la vallée au fond de laquelle coule la rivière Rolwaling la rend propice aux glissements de terrain et aux avalanches, auxquels s’ajoute le lac glaciaire Tsho Rolpa dont le risque de débâcle est sujet à débats. Pour la population locale, la vallée est également un beyul, un refuge sacré créé par le saint Padmasambhava, destiné aux bouddhistes tibétains en temps de crise, qui abrite par ailleurs la divinité du territoire Tashi Tseringma. Trois mois d’enquête ethnographique au sein de la population sherpa de la vallée ont permis d’explorer les différents cadres d’interprétation des bouleversements passés, ainsi que du risque de rupture que pose notamment le lac Tsho Rolpa. Ces cadres d’interprétations sont portés par différents types d’acteurs impliqués dans la vallée – habitants de différentes ethnies, membres de la communauté établis à Katmandou, moines bouddhistes tibétains, experts travaillant sur la vallée et touristes. Comment ces cadres d’interprétation émergent-ils en fonction des rapports spécifiques de chacun à son environnement physique? Dans quelle mesure président-ils à l’émergence de modalités d’action spécifiques? Comment leur diversité et les tensions qui émergent lorsque ceux-ci s’opposent peuvent-ils être appréhendés?
Séminaire
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vallée de Rolwaling (Népal)
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