[Journées d'étude] La production culturelle chinoise (littérature, arts et médias) dans une perspective historique

Troisième journée d'étude
8 avril 2011

La Production culturelle chinoise (littérature, arts et médias)
dans une perspective historique

Salle Saint Thomas 147 – 1er étage

La culture et les arts chinois se sont développés pendant longtemps sur un modèle totalement autonome des modèles occidentaux. L'arrivée des Occidentaux en Chine au cours du XIX° n'a pas été qu'un changement politique, elle a aussi
induit un renouvellement dans l'approche et la production des oeuvres culturelles chinoises. Cette journée étudiera les évolutions, les perceptions et les pratiques de la culture en Chine.


9h - Accueil des participants.

9h15 - Enjeux et perspectives de la culture contemporaine chinoise
Paul ANDRE - Maître de conférence - Université Catholique de Lille - FLSH

10h - Condition interculturelle de la compréhension du monde par les médias chinois.
Dominique Colomb - Maître de conférence - Université Sorbonne nouvelle - Paris 3
La tenue des jeux olympiques à Beijing marque l'année 2008 et montre combien les dimensions paradoxales des médias, d'internet et de la communication en Chine demandent à l'observateur de transcender les « fausses proximités » et les seules visions occidentales de l'accès à l'information. C'est l'occasion d'approfondir la posture philosophique chinoise du paradoxe qui apparaît comme l'une des clés de compréhension de la société chinoise contemporaine.

11h - Zao Wou-Ki, une peinture de l'entre-deux…
Docteur Anja HAGEMANN - Université Paris 4, Université d'Hambourg
La présente communication propose une analyse de l'oeuvre de Zao Wou-Ki qui est une synthèse entre tradition chinoise et peinture moderne occidentale. Dans une perspective transculturelle, trois problématiques seront examinées : le geste, la relation entre le vide et le plein et le lien entre le corps et l'esprit. En quoi, l'oeuvre picturale de Zao Wou-Ki, matérialise-t-elle un dialogue entre la peinture chinoise et occidentale ? Au-delà de ce dialogue sur l'identité culturelle, le peintre nous transmet sa vision du paysage représenté. Sa recherche s'ancre dans l'observation de la nature, à l'image des peintres chinois traditionnels pour s'ouvrir au mode de perception occidentale. De quelles manières l'acte de la perception, et plus particulièrement, les interactions entre image mentale et image matérielle, est-il envisagé en Chine
et en Occident ?

12h - Arts et pouvoir en Chine de 1978 à nos jours : une histoire culturelle ?
Emmanuel LINCOT - Directeur de la chaire des études chinoises contemporaines de la faculté des sciences sociales et économiques de l'Université Catholique de Paris.
Le lancement de la politique de réformes économiques en 1978 marque aussi une forme de renaissance pour l'art chinois. Dégagée des contraintes imposées par les standards artistiques du maoïsme, la scène artistique chinoise va trouver un nouveau souffle. On assiste donc à l'émergence d'un art contemporain chinois qui, à la fois questionne la société chinoise, et traduit les nouvelles influences étrangères qui touchent le pays.

13h - Déjeuner

14h30 - Ecrans d'Asie : Le cinéma chinois dans la culture contemporaine chinoise et ses relations avec la musique, le design et la création : les actrices chinoises
Damien PACCELLIERI - Rédacteur en chef du journal Ecran d'Asie
Allant des années 1930 jusqu'à aujourd'hui, la conférence revient sur l'image des actrices chinoises en république populaire de chine, à travers l'imagerie féminine et le deuxième âge d'or du cinéma chinois, celui notamment de Wong Kar-Wai.

15h30 - La nouvelle photographie chinoise
Chloé CATTELAIN - Agrégée de chinois
Dans les années 60-70, la photo est un instrument de propagande, comme en atteste la collection de photos retouchées du plasticien contemporain Zhang Dali. Le photoreporter Li Zhensheng et ses clichés de la Révolution Culturelle, sortis de leur cachette, constituent cependant une exception de taille. La photo reconquiert son statut d'art dans les années 80, jusqu'à l'écrasement du mouvement de Tian'anmen en 1989. Ce n'est qu'au début du 21ème siècle, que la « nouvelle photographie chinoise » connaît un souffle créateur attesté par la vitalité des festivals de Lianzhou et de Pingyao. Reflet des bouleversements sociaux, elle préfère les grands formats et la mise en scène au réalisme (Wang Qingsong, Chen Jiagang). La jeune génération allie la recherche documentaire à l'onirisme et à la dérision (Maleonn, Yang Yi). Même si de par son style et ses thématiques (société de consommation, urbanisation, écologie …), elle suit les grandes tendances de la photographie occidentale, la « nouvelle photographie chinoise » présente une originalité incontestable dans le contexte chinois.

16h30 - Un aspect de la propagande : l'hypocorrection : les différences France-Chine
Dominique Verbeken et Mme LI Mingdi - FLSH
Depuis plusieurs décennies, les linguistes s'intéressent de plus en plus à la langue de bois . Si elle est née avec l'idéologie , la langue de bois est aujourd'hui une « vraie » langue de communication qui réussit de plus en plus à passer inaperçue. La langue de bois, par ses procédés, ses artifices, tente de dissimuler sa pensée pour contrôler celle des autres.
Nous aimerions, dans le cadre de cette communication, mettre en lumière un des procédés qui apparaît dans des sociétés aussi différentes que celle de la Chine ou de la France : l'hypocorrection. A l'opposé de l'hypercorrection – qui
consiste à copier maladroitement la classe dominante qui n'est pas celle à laquelle appartient le locuteur – l'hypocorrection est une stratégie qui consiste, pour la classe dirigeante, à se rapprocher du peuple .
Nous présenterons une étude syntaxique du discours (par exemple, les tournures disloquées de Nicolas Sarkozy : « Les gens, ils veulent… »), sémantique (par exemple, le choix du vocabulaire) et phonétique (la prononciation des discours politiques).
Nous présenterons un petit florilège de ces hypocorrections et nous tenterons de dresser une liste des éléments récurrents de cette stratégie. Nous comparerons ces procédés « français » ou « européens » avec ceux utilisés par les dirigeants chinois. Nous montrerons que cette stratégie est bien souvent terriblement efficace.
. Quelques exemples parmi une littérature abondante : Christian Delporte, Une histoire de la langue de bois (2009), Gilles Guilleron, Langue de bois : décryptage irrévérencieux du politiquement correct et des dessous de la langue (2010), ou encore Louis-Jean Calvet et Jean Véronis, Les mots de Nicolas Sarkozy (2008)
. Voir par exemples, la « soviet langue » ou encore la « Lingua Tertii Imperii », cette « novlangue nazie » étudiée par Victor Klemperer.
. Nous suivrons ici le point de vue de Pierre Bourdieu ou de Louis-Jean Calvet : l'hypocorrection consiste, pour une classe haute, à afficher un langage décontracté pour se rapprocher du peuple.

17h30 : Sens et signe de la calligraphie chez Henri MICHAUX
Geoffrey Martinache - Maître de conférences - Université Catholique de Lille - FLSH
Henri Michaux (1899-1984) a laissé une oeuvre aussi bien graphique que littéraire. Depuis « Ut pictura Poesis » d'Horace, les artistes, écrivains et théoriciens ont exploré un grand nombre de compatibilité entre la littérature et les arts visuels et leur représentation respective dans la réalité. Son oeuvre étudie avec une grande finesse les signes et leur relation complexe à l'alphabet conventionnel et les formes idéographiques de l'expression. Michaux va grâce à la calligraphie chinoise créer et occuper une forme imaginaire entre l'écriture et le dessin, dont l'identité sémiotique et le dynamisme graphique nous permettra de reconsidérer son apport au surréalisme et à la technique de l'automatisme mais aussi de proposer une interprétation du rythme à travers ces formes expressives.

18h30 - Conclusion
Aliocha WALD-LASOWSKI - Université Catholique de Lille - FLSH