"La production d’un espace de tourisme de nature : la basse Kinabatangan à Sabah, état malaisien de Bornéo"

Le30 avrilde 10-12h, leséminaire"Dialogues entre recherches classiques et actuelles sur l'AsieduSud-Est" accueille Clotilde Luquiau(CASE) qui présentera une intervention intitulée "La production d’un espace de tourisme de nature : la basse Kinabatangan à Sabah, état malaisien de Bornéo".
Nous vous prions de nous signaler, par retour d'e-mail à catherine.scheer@efeo.net, si vous souhaitez participer à cette séance en ligne. Vous recevrez ensuite un lien qui vous permettra de rejoindre le webinaire.

Résumé:
Une destination touristique ne s’impose pas d’elle-même grâce à ses qualités intrinsèques. Chaque destination est découverte, inventée, aménagée et mise en scène pour correspondre à une clientèle.
Avec sa jungle et sa faune, Bornéo se présente comme une destination spécialisée dans « l’écotourisme ». Sabah met en avant ses paysages naturels et ses animaux sauvages comme l’orang outan pour faire venir des touristes. L’un des lieux emblématiques du tourisme de Bornéo et de Sabah sont les centres de réhabilitation des orangs outans où les touristes peuvent admirer des animaux qui viennent chercher la nourriture déposée par des soigneurs. Les aménagements y sont bien visibles. A l’opposé, d’autres espaces ne laissent entrevoir aucun aménagement : le touriste a le sentiment d’être en pleine nature et la rencontre avec les animaux semble tout à fait fortuite.
La basse Kinabatangan est la destination la plus emblématique de ce type de tourisme animalier à Sabah. Chaque année, quelques dizaines de milliers de touristes viennent admirer éléphants, crocodiles, nasiques et orang outans dans des barques sur le fleuve. Bien que leurs hôtels soient accolés aux villages et qu’il n’y ait pas d’aménagements pour nourrir les animaux, je soutiens que l’espace naturel a été produit au sens où l’entend Henri Lefebvre, auteur de La production de l’espace. En effet, cette destination est tributaire de la mise en place d’une zone protégée et d’une communication qui en fait une marchandise destinée à plaire aux touristes.
Ma présentation se propose d’examiner la genèse de la production de cette destination de tourisme de nature. La notion de production invite à analyser le rôle des groupes composant la société d’accueil : les habitants, les autorités, les professionnels du tourisme, les scientifiques conservationnistes et les associations écologistes. Cetteproduction de l’espace touristique nous mène à réexaminer à la fois un texte d’Henri Lefevbre sur la production de l’espace social et un texte de Michel Picard, qui montre que la population visitée n’est pas le réceptacle passif des injonctions des professionnels du tourisme. La répartition des moyens dédiés à la production d’un espace touristique induit, à l’échelle d’un territoire plus vaste, la création d’un front pionnier touristique.
Textes de référence :
Picard, Michel, « L’identité balinaise à l’épreuve du tourisme. », EspacesTemps.net, 12 avril 2010.
Disponibles dans la dropbox et sur le lien suivant :https://we.tl/t-sCqDHy4UST
Lefebvre, Henri,La production de l’espace, Paris, Anthropos, 2000, vol. 1, 485 p. (chapitre 2.1)
Pour se familiariser avec la zone de recherche :
Luquiau, Clotilde, « Les animaux sauvages au village, entre sources de conflits et attractions touristiques (Bornéo, Sabah, Malaysia) », in Les carnets de géographes, n° 5, Février 2013, [en ligne] http://www.carnetsdegeographes.org/carnets_recherches/rech_05_03_Luquiau.php
Luquiau, Clotilde, « Dans la jungle de Bornéo, des visiteurs en quête d’authenticité », Le Monde Diplomatique, juil. 2012, pp.20-21
Séminaire
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CLOTILDE LUQUIAU
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