Le bon gouvernement de la recherche

Les réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche de la dernière décennie ont favorisé l’émergence d’un seul modèle de la recherche en France, en finissant par l’institutionnaliser.
Or la diversité des systèmes de recherche est une réalité épistémique et didactique. Défendre la pluralité des modèles de recherche selon les exigences et les pratiques scientifiques des différentes disciplines ne signifie pas remettre en cause la validité du modèle que les disciplines scientifiques et certaines disciplines des sciences sociales ont élaboré dans ces quinze dernières années, et que les réformes et les structures françaises et européennes de financement ont fini par imposer à tous. Au contraire, la reconnaissance de l’existence de plusieurs modèles d’organisation, d’évaluation, de financement et d’administration de la recherche pourrait garantir une meilleure coopération entre les différents domaines disciplinaires. Sans la compréhension des spécificités épistémiques et gestionnaires propres à chaque discipline, aucune réforme ne pourra compter sur l’adhésion collégiale de la communauté scientifique. Cette reconnaissance mutuelle a manqué dans la dernière décennie. La méconnaissance des modèles de recherche de chaque discipline a ainsi éloigné les communautés scientifiques et créé une incompréhension croissante entre elles. Elle a surtout creusé le fossé entre une partie de la communauté universitaire et les nouveaux administrateurs de la recherche, perçus par une majorité de leurs collègues comme une sorte de “caste” éloignée des problèmes quotidiens auxquels est confronté le chercheur universitaire à l’époque de l’université de masse.
La journée, structurée autour de quatre sessions, devrait permettre de confronter les raisons et les enjeux épistémiques, culturels, didactiques, économiques, ainsi que les pratiques managériales, de chaque modèle de recherche. La réflexion portera également sur les critères d’évaluation par rapport aux standards internationaux et sur la nécessité d’une nouvelle subsidiarité entre université et organismes de recherche.
Le souhait est de faire progresser le dialogue entre les communautés scientifiques et de sensibiliser les institutions en charge du gouvernement de la recherche, en les appelant à une réflexion collégiale sur la nécessité de préserver et favoriser la diversité et la pluralité des modèles de recherche.

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Collège de France