Un étranger sur son terrain à Taiwan 'rencontre' dans une ruine une tablette sur laquelle est inscrite le nom d'ancêtres (une 祖先牌位), mais à laquelle personne n'a rendu l'indispensable culte filial depuis des années. Choqué par cet abandon, et après un moment d'hésitation, il commet un geste fou, aux yeux d'un Taiwanais du moins : il prend la tablette inconnue, et la ramène chez lui, s'attachant peu à peu à ces ancêtres esseulés qu'il ne connaît pas, dépositaires d'un destin qu'il ne maîtrise pas.
Durant les mois où il prendra soin d'elle, ou d'eux, il s'attachera peu à peu sinon aux ancêtres, dumoins à l'idée qu'il s'en fait, jusqu'à demander au grand temple bouddhiste de Taipei, de l'école de la terre pure, de pratiquer un rite pour les y déposer, pour les y mettre en sécurité. Il finira, après des discussions qui nous introduisent à l'univers mental des Taiwanais face aux esprits, aux ancêtres, à l'au-delà, à se faire "adopter".
Mais qui adopte qui ? L'auteur, les ancêtres ? Les ancêtres, le narrateur ? Le temple, l'auteur ? Formose, le chercheur ? Adopter l'autre, s'adapter. Inaugurant la nouvelle collection "Liminaires" de L'Asiathèque, ce petit ouvrage atypique est à la fois une introduction à la beauté plurielle de Taiwan, au phénomène complexe de la croyance, et au retour sur soi par le détour vers l'autre.
