Regards croisés historiques et littéraires et transferts culturels entre la Grande-Bretagne, l’Inde et Hong Kong de 1600 à nos jours

Appel à contribution pour le numéro 61 de la revue ILCEA 

 

Le numéro aura pour objet d’étude les liens historiques, littéraires et culturels entre la Grande-Bretagne et deux de ses anciennes colonies, l’Inde et Hong Kong. Ce domaine a très peu été étudié en France à ce jour. 

Si un certain nombre d’ouvrages récents portent sur les liens entre l’Inde et la Chine, dans les domaines politique, économique et stratégique en particulier, le champ des échanges culturels entre la Grande-Bretagne, l’Inde et la Chine a été peu exploré. Ainsi, la part prise par la Grande-Bretagne dans les échanges entre l’Inde et la Chine n’apparaît qu’indirectement dans les ouvrages de Madhavi Thampi (dir., India and China in the Colonial World. Abingdon, New York : Routledge, 2017), Anne Cheng et Sanchit Kumar (dir., India-China: Intersecting Universalities. Inde-Chine : universalités croisées. Institut des Civilisations. Collège de France, Paris, 2020) ou le Routledge Handbook of China–India Relations (Kanti Baijpai, Selina Ho, Manjari Chatterjee Miller, dir., Londres, Routledge, 2020). De même, le travail de Gal Gvili (Imagining India in Modern China. Literary Decolonization and the Imperial Unconscious, 1895–1962, Columbia University Press, 2022), porte sur l’image de l’Inde dans la littérature chinoise, dans une perspective décoloniale. Pour sa part, Vanessa Alayrac-Fielding (dir., Rêver la Chine : Chinoiseries et regards croisés entre la Chine et l’Europe aux xviie et xviiie siècles. Tourcoing : Édition Invenit, 2017) étudie les aspects esthétiques, artistiques et la culture matérielle des échanges entre la Grande-Bretagne et la Chine dans le cadre de l’empire britannique.

Dans ce volume, l’accent sera donc mis sur l’interdépendance et les interactions simultanées entre ces trois aires qui, malgré leur éloignement géographique, ont connu de multiples mises en relation. La charte accordée le 30 décembre 1600 par Elisabeth I accorde notamment à l’East India Company le monopole sur le commerce avec le sous-continent indien et une vaste partie de l’Asie du sud-est. Par le biais de comptoirs établis sur les côtes indienne et chinoise, les échanges se développent dès le début du xviie siècle. Au terme de la guerre de Sept Ans (1756-1763), l’East India Company s’impose comme une puissance incontournable dans le sous-continent dont elle prend progressivement le contrôle, bien que l’Inde britannique ne devienne officiellement une colonie qu’en 1858. De leur côté, les échanges commerciaux avec la Chine, très limités et contrôlés par l’administration impériale chinoise, sont rapidement jugés insatisfaisants par les Britanniques qui, avec la Première Guerre de l’Opium (1839-1842), obtiennent en 1842 la cession de l’île de Hong Kong, colonie à laquelle ils adjoindront de nouveaux territoires à deux reprises avant la fin du xixe siècle.

Les échanges de la Grande-Bretagne avec le sous-continent indien et Hong-Kong ainsi que le développement des moyens de transport et de communication entraînent l'intégration économique, puis politique, de ces territoires dans l’empire britannique. S’ensuivent des migrations de populations, des transferts littéraires, culturels et religieux que l’indépendance de l’Inde en 1947 et la rétrocession de Hong Kong en 1997 n’interrompent pas mais modifient. Un réseau multiculturel est créé par de nombreuses publications littéraires, dans de multiples variétés d’anglais, impliquant pour certaines un travail de traduction : on peut mentionner les récits de voyage anglo-indiens et britanniques sur l’Inde et Hong Kong (Rudyard Kipling dans From Sea to Sea, 1887-1889 ; Auden et Isherwood dans A Journey to a War, 1939), la trilogie d’Amitav Ghosh retraçant les migrations dans le contexte colonial des années 1830 et de la Première Guerre de l’Opium (Sea of Poppies, River of Smoke et Flood of Fire, 2008-2015), ou encore le développement poétique et politique de l’idéologie panasianiste par Rabindranath Tagore et son influence sur les écrivains du New Culture Movement comme Xu Dishan dans les années 1920-1930. Dans le domaine des arts visuels, les ponts sont nombreux, en témoignent les productions de la diaspora indienne à Hong Kong (par exemple lors du festival annuel Kathaa « Stories from India on Hong Kong Walls » ou de la projection de l'œuvre de Nalini Malani sur le musée M+). Des liens apparaissent entre les productions cinématographiques de la Nouvelle Vague hongkongaise (Allen Fong, Wong Kar Wai, Fruit Chan) et les films indiens du crossover (Mira Nair, Deepa Mehta) mettant en scène la migration, l'identité en mouvement et l'occidentalisation des modes de vie traditionnels. L'influence esthétique croisée du film d'action hongkongais et de Bollywood peut aussi être remarquée sur les genres occidentaux du film d'action et de la comédie musicale, mais aussi dans des échanges plus directs, par exemple entre Deewaar de Yash Chopra (1975) qui fut inspiré du style hongkongais, puis adapté par John Woo (A Better Tomorrow, 1986).

Sont attendues des propositions d’articles en histoire, en littérature, en histoire des idées et en art, culinaire compris. Les articles porteront sur la cohabitation des langues, le statut de la langue anglaise dans le contexte postcolonial, mais aussi la circulation et la cohabitation des hommes (agents de l’empire, soldats, engagés, migrants économiques, journalistes, écrivains, voyageurs, artistes), des denrées (le thé, l’opium, les épices, la nourriture, les productions culturelles) et des idées (politiques, économiques et religieuses), et sur la constitution d’un réseau multilingue et multiculturel dans la région. Les articles porteront sur les regards croisés entre les trois territoires, les représentations culturelles de l’Inde et de Hong Kong par les Britanniques ainsi que les représentations de la Grande-Bretagne en Inde et à Hong Kong de 1600 à nos jours.

Les contributions pourront être rédigées en anglais et en français.

Les propositions comprenant, en anglais ou en français, un titre provisoire, un résumé de 300 mots maximum, une brève bio-bibliographie de l’auteur, l’adresse électronique professionnelle, le laboratoire auquel appartient l’auteur ainsi que son établissement de rattachement sont à adresser avant le 1er juin 2024 à :

Élodie Raimbault : elodie.raimbault@univ-grenoble-alpes.fr
Nadine André : nadine.andre@univ-grenoble-alpes.fr

Réponse aux propositions soumises : 13 juillet 2024

Date limite de remise des contributions mises en forme : 31 novembre 2024

Les articles sont ensuite soumis à deux relecteurs en double aveugle. En cas d’avis divergents, ils sont soumis à un 3e relecteur.

Mise en ligne du numéro : janvier 2026.

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