Organisée par les trois Bureaux des jeunes chercheur.e.s en études aréales (GIS Asie, GIS Études Africaines en France, GIS MOMM), cette journée d’étude qui se tiendra le 12 janvier 2024, vise à créer un espace de rencontre et de réflexion pour les jeunes chercheur.e.s qui travaillent déjà avec les outils numériques. C’est aussi un espace pour (s’)initier ou (s’)interroger sur ce sujet.
Appel à communications : Corpus écrits, oraux, artistiques : les humanités numériques pour tou.te.s ?
Que faut-il entendre par « humanités numériques » (ou « sciences humaines numériques ») ? Si la notion reste aujourd’hui sujette aux évolutions et aux discussions, elle ne peut être réduite au simple usage d’outils numériques appliqués aux sciences humaines. Constituant un nouveau paradigme, ce que l’on pourrait qualifier de « révolution numérique » imprime de nouvelles directions à la recherche, en permettant de repenser la construction des objets d’étude, en offrant de nouveaux supports analytiques ou pédagogiques, et plus généralement, en élargissent les modes de production et de restitution de la connaissance.
Il convient cependant de se poser la question de la pertinence et de l’applicabilité de ces humanités numériques aux études aréales. Si ces nouvelles approches enrichissent l’interdisciplinarité, elles rencontrent également des difficultés spécifiques : disponibilité et accessibilité des données, problèmes relatifs à leur numérisation, inégalités dans la distribution des ressources technologiques dans une perspective globale… De plus, les humanités numériques invitent à repenser la notion même de comparatisme en études aréales, ainsi que le rapport entre Nords et Suds, par exemple dans la production ou la diffusion de la recherche entre ces espaces, ou selon les enjeux éthiques qui leur sont liés. Par ailleurs, le recours aux humanités numériques pour enrichir la connaissance accompagne et stimule la programmation informatique. Quelle que soit la discipline, elles favorisent l’apparition de nouveaux outils et potentiellement de nouvelles méthodes. À ce niveau, des questions éthiques interviennent, notamment autour d’outils liés à l’Intelligence artificielle que les chercheur.e.s mobilisent – ou s’interdisent – dans la collecte, le traitement et la conservation des données.
Parce que les humanités numériques n’ont pas vocation à créer des frontières géographiques et/ou disciplinaires, notre appel à communication porte sur des questions transversales sensibles aux études aréales, de tout continent et de toute discipline des sciences humaines et sociales. Nous avons pour objectif de sensibiliser tout.e jeune chercheur.e, même sans expérience en humanités numériques, à découvrir et à mieux appréhender de nouvelles potentialités pour renforcer ses travaux. C’est aussi dans ce sens que nous mettons l’accent sur la notion de « corpus » (écrit, oral ou encore artistique), très inclusive et transversale, quelles que soient les disciplines, ancrages géographiques ou encore niveaux de recherche. Dans un esprit de collaboration et d’échange, des propositions sur les humanités numériques ne portant pas sur les études aréales mais s’inscrivant dans les axes ci-dessous seront aussi bienvenues.
Les propositions pourront s’articuler autour des axes suivants :
Les difficultés posées par des corpus issus de contextes spécifiques : Comment corriger les erreurs de traduction et/ou de translittération des catalogues qui contiennent des données en langues non-européennes ou minoritaires ? Comment travailler dans l’application de normes ? Comment prendre en compte des archives orales ou appartenant à d’autres modes non-scripturaux ? Quels sont les usages possibles des archives, selon quels droits ? À titre d’exemple, comment penser les usages de données collectées durant la colonisation dans des projets de numérisation et de restitution en France ?
Les enjeux éthiques, les différentes étapes de l’utilisation des outils numériques sur le terrain, de la collecte des données à leur analyse, ainsi que les conséquences pour les chercheur.e.s dans la diffusion et la conservation de ces données : Quelle place occupe la science ouverte et comment conduire sa recherche par rapport à celle-ci ? Comment penser la propriété intellectuelle dans ce cadre ? Quelles réflexions peut-on avoir autour de la question de l’accessibilité des données et de leur traitement pour les personnes auprès desquelles on les a collectées ? Comment recourir ou pourquoi éviter le recours aux outils de l’Intelligence artificielle dans la rédaction, la production, l’illustration des connaissances ?
Cas d’études et travaux de jeunes chercheur.e.s : présentation de recherches concrètes, appuyées sur des outils précis, en rapport par exemple d’éventuels blocages (techniques et/ou méthodologiques) et/ou les solutions développées pour contourner tout obstacle rencontré.
Les outils en humanités numériques et leurs applications dans les corpus de tout type : le référencement de données (Heurist, QGis), le corpus numérique (Gallica), la textométrie (TXM), les formulaires d’enquête (Limesurvey), et leur programmation : Quelles compétences et logiques propres aux langages computationnels sont mobilisées dans la recherche en sciences humaines et sociales ? En quoi ou comment une maîtrise de la programmation participe à repenser nos recherches ?
L’impact des humanités numériques sur la médiation avec le public et leur place dans la vulgarisation scientifique : Quelles opportunités d’accès offrent les humanités numériques (pour le « grand public » situé en dehors du champ académique, dans différentes zones géographiques, pour les personnes porteuses de handicap ou neuro-divergentes) ? Comment utiliser les humanités numériques pour rendre la recherche accessible à tout public ? Quelles sont les difficultés (rencontrées) ?
Calendrier et modalités de candidature
Chaque communication durera entre 15 et 20 minutes. Les propositions attendues consisteront en un résumé d’environ 300 mots avec une courte bibliographie et 4 à 5 mots-clefs. La date-limite est fixée au 13 octobre 2023, avec un envoi (formats .pdf, .doc/.docx) à l’adresse suivante : jc.etudesareales@gmail.com. Après consultation, le Comité scientifique intégrant les Bureaux des jeunes chercheur.e.s en études aréales informera fin octobre les participant.e.s des communications retenues.