Nous nous plaisons à imaginer que les humains ont inventé les rituels funéraires pour arrêter d’oublier ; nous nous plaisons même à imaginer que c’est ce geste qui a fondé l’humanité et la culture. Et si les morts avaient toujours été déjà là ? Et si l’humanité était née hantée ? Les pratiques funéraires auraient alors été élaborées par d’habiles médiums pour contenir le débordement des revenants.
En menant une anthropologie inédite des fantômes, Grégory Delaplace montre quels genres d’êtres et quels genres d’interlocuteurs les défunts sont invités à devenir. Il rend compte des situations toujours plus ou moins incongrues dans lesquelles ceux-ci échappent aux cadres prévus pour les accueillir. C’est aussi que la détérioration de la planète les ayant fait proliférer, les spectres permettent de penser la catastrophe.
On découvrira combien les ancêtres sont des fantômes mis au pas, des morts à qui les vivants ont appris à vivre, enfin.
Anthropologue, Grégory Delaplace est directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Médaille de bronze du CNRS (2015), il a codirigé la revue L'Homme (2020-2024) et a publié Les Intelligences particulières. Enquête dans les maisons hantées (Vues de l'esprit, 2021).
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SOMMAIRE
Introduction – Proliférations
Chapitre 1 – Éduquer les morts
Communautés de morts et de vivantsLe silence pour mémoireAmbitions posthumesSubjectivationsLes enfants et les morts
La jeune femme au bouquet
Chapitre 2 – Placements
Déplacer les mortsPolitiques du sujetAssignationsHostilités funérairesL’enterrement et l’ÉtatLes afflictions anthropophages
Dialogues
Chapitre 3 – Débordements
DisparaîtreLe silence et la stridenceRécalci-transesLes enquêtes de BaasanSuivre le fil qui lie les morts ensemble
Baagdai
Chapitre 4 – Des êtres intempestifs
DamodarMollieJuneStellaDemberelBatmönkh
Conclusion – Au commencement était le spectre
Remerciements
Bibliographie