✍️ Mathieu GUÉRIN
Dans le cadre de son protectorat sur le Cambodge, la France entreprend de modifier l’organisation politique, sociale, économique du royaume khmer afin de le « moderniser ». Elle s’appuie alors sur les concepts de « mission civilisatrice » et de « mise en valeur ». Inscrite à l’échelle de la province cambodgienne de Kampong Thom, cette étude cherche en quoi près d’un siècle de présence française a changé la vie de la masse des Cambodgiens, les habitants des campagnes, et fait évoluer les structures de la société entre le milieu du XIXe siècle et l’indépendance en 1953. Elle s’appuie sur les abondantes sources coloniales françaises, confrontées aux sources khmères, afin que le point de vue des Cambodgiens soit pleinement pris en compte. Les problèmes traités couvrent la relation des habitants à leur roi et à l’État, le renforcement de l’intégration du Cambodge à l’économie-monde, l’évolution des productions agricoles et artisanales, les conséquences environnementales de la colonisation, l’abolition de l’esclavage et ses conséquences, les relations entre hommes et femmes, les réformes du bouddhisme theravada, l’introduction de la médecine et de l’école occidentales, les stratégies des élites rurales pour perdurer, la vie quotidienne… Sur le temps long, la terre de Kampong Svay devenue province de Kampong Thom est traversée par des changements profonds et des permanences que Mathieu Guérin parvient à mettre en lumière.