Séssion du 18 mars « La Chine et ses communautés chinoises outre-mer : la mobilité au service de la puissance »
Migrations est et sud-est asiatiques en France depuis 1860
La France, pays de migration depuis plus d’un siècle, compte aujourd’hui un tiers de sa population avec au moins un parent ou grand-parent immigré (Le Minez, 2023). Ce sont le cas de 37 000 descendants d’immigrés chinois et 153 000 descendants d’immigrés cambodgiens, laotiens ou vietnamiens en 2019 (INSEE, 2020). De plus, en 2022, 13,5 % d’immigrés vivant en France sont nés en Asie (Insee, 2024). Ces différents groupes – immigrés asiatiques et descendants d'immigrés asiatiques — subissent, dans la société française, un processus relativement similaire de racialisation par l’amalgame et la confusion de l’origine « asiatique » à celle « chinoise » et les stéréotypes homogènes qui l’accompagnent. Cette vision simpliste est en partie due à une méconnaissance de l’histoire comme le montre un sondage sur la perception et la connaissance d’immigrations d'Asie de l'Est et du Sud-Est en France, mené en 2023 par l'Institut d'études Occurrence et le Palais de la Porte Dorée, pour lequel seules neuf personnes sur mille ont répondu correctement aux trois questions de connaissance (MNHI, 2023). Bien que les différentes régions de l’Asie de l’Est et du Sud-Est partagent des influences civilisationnelles et culturelles communes, et que les flux migratoires intra-asiatiques soient très anciens, il est impératif de déconstruire les regards monolithiques de ces populations immigrées en France, en démontrant les nuances et les diversités des contextes historiques et sociaux de différentes vagues migratoires asiatiques. Ces hétérogénéités sont marquées par l’histoire coloniale, des motifs et trajectoires migratoires distincts, et des dynamiques générationnelles propres aux multiples origines sociales, culturelles, politiques.
Ce séminaire vise avant tout à introduire les étudiants aux histoires, connaissances clefs et travaux incontournables dans les études de migrations de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France. Jusqu’ici, les recherches sur ces phénomènes migratoires constituent un champ très varié, voire éclaté, entre périodes historiques et pays d’origine. En valorisant les recherches historiques et les enquêtes empiriques récemment menées sur le sol français, ce séminaire se propose de mettre en valeur plus d’un siècle de migrations asiatiques en France, jusqu’ici relativement peu racontées, dans une perspective comparative. Les efforts d’analyses fines et du comparatisme – entre les pays de l’ancienne Indochine : le Vietnam, le Cambodge, le Laos jusqu’au Japon, en passant par la Chine – devront permettre de saisir avec finesse la diversité de migrations asiatiques en France, ainsi que de dégager une vision plus claire, des migrations coloniales et des études postcoloniales. À une autre échelle du comparatisme, nous tâcherons de situer les travaux et enquêtes portant sur des immigrations asiatiques en France dans le paysage global des mobilités notamment à l’échelle européenne.
En puisant dans les méthodes diverses des sciences sociales (histoire, sociologie, anthropologie, science politique, ethnologie, géographie) et en mobilisant les recherches les plus récentes, une partie du séminaire se focalisera sur l’analyse du monde chinois : la diaspora chinoise en France mais également les liens diasporiques longuement établis entre la Chine et d’autres pays de l’Asie de l’Est et du Sud-est.
Mardi 03/12/2024 : Introduction, Miyako Hayakawa, Julien Le Hoangan, Simeng Wang
Mardi 17/12/2024 : Emmanuel Santarromana (doctorant en science politique, CESSP, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Les élus d'origine asiatique en île de France. Questionnements théoriques, méthodologiques et premiers résultats »
Mardi 07/01/2025 : Julien Le Hoangan (docteur en sociologie, Université Bourgogne Franche-Comté), « Travail de mémoire des jeunes générations d’origine vietnamienne »
Mardi 21/01/2025 : Noémi Didu (doctorante en anthropologie audiovisuelle, IDEAS, Aix-Marseille Université), « Lieux de culte en diaspora et leur rôle dans la perpétuation d'un espace social un exil. Réflexions à partir d'une enquête de terrain dans un wat en France »
Mardi 04/02/2025 : Christèle Dedebant (docteure en histoire, journaliste à Géo Magazine), « Histoire et mémoire des déportés politiques Indochinois en Guyane »
Mardi 18/02/2025 : Miyako Hayakawa (postdoctorante, LAMC, Université Libre de Bruxelles, « Négocier sa place dans un divorce transnational : une étude de cas de couples franco-japonais en France »
Mardi 04/03/2025 : James Farrer (professor of Sociology, Sophia University), « Gastronomy as Migration Infrastructure: the Case of Japanese Restaurants in Europe »
Mardi 18/03/2025 : Carine Pina (chercheure Chine/Monde Chinois – IRSEM), « La Chine et ses communautés chinoises outre-mer : la mobilité au service de la puissance »
Mardi 01/04/2025 : Nanase Hirota (affiliated lecturer, University of Cambridge), « Precarious stepping stones: Transnational Japanese Hostesses in London and their labour, career and gendered migration »
Mardi 06/05/2025 : Eric Florence (chargé de cours et coordinateur du projet de recherche LOGILIEGE), « Carrières migratoires d’employés chinois de la logistique dans le bassin industriel liégeois »
Mardi 20/05/2025 : Nicolas Lainez (anthropologue, chargé de recherche à l’IRD, Anthropologie sociale et économique), « Le financement à crédit de la migration vietnamienne en Europe : financiarisation, agentivité et productivité de la dette »
Mardi 03/06/2025 : Discussions générales, Miyako Hayakawa, Julien Le Hoangan, Simeng Wang
