Portrait : Raphaëlle Yokota, nouvelle membre du bureau des Jeunes chercheur·e·s du GIS Asie

Historienne du cinéma et du genre au Japon, Raphaëlle Yokota a rejoint le Bureau des Jeunes chercheur·e·s du GIS Asie début juillet 2023.

Raphaëlle Yokota est actuellement postdoctorante à l’IFRAE (UMR 8043), après avoir soutenu en 2022 une thèse réalisée sous la direction de Michael Lucken, à l’Inalco. À la croisée de l’histoire du Japon contemporain, des études cinématographiques et des études de genre, sa thèse intitulée « La grande famille de Koreeda Hirokazu – le cinéma comme force de changement social au Japon » propose une histoire sociale du Japon de 1990 à nos jours, à travers la filmographie du cinéaste indépendant Hirokazu Koreeda. 

En tension entre une industrie cinématographique dominée par une production de divertissement visant un marché local et les contraintes des circuits internationaux que sont notamment les festivals, cette position entre deux pôles ménage cependant une marge de manœuvre. Ses films, par la mise en place de points de vue alternatifs par exemple – femmes, enfants, personnes âgées, masculinités non‑hégémoniques – favorisent ainsi la réappropriation des questions sociales par le spectateur et un réagencement de notre rapport au réel et à autrui, comme le ferait la famille idéale – entité fondamentale de nos sociétés qui connaît de profondes mutations. 

L’état des lieux de la production filmique japonaise contemporaine réalisée pour la thèse a mis en exergue l’immense variété de la production indépendante commerciale mais aussi les écarts considérables de visibilité de ces cinéastes. Dans le monde du cinéma, l’après MeToo se caractérise notamment par l’apparition d’une nouvelle génération de réalisatrices nées entre la fin des années 1970 et le début des années 1990, pour la plupart diplômées d’écoles de cinéma (par exemple Yokohama Satoko 横浜聡子, née en 1978, Sode Yukiko 岨手由貴子, née en 1983‑, Kiyohara Yui 清原惟, née en 1992), dont le mode de travail comme les films marquent une rupture avec les pratiques de l’industrie. 

Adoptant une approche prosopographique, ses recherches postdoctorales sont consacrées aux trajectoires individuelles des cinéastes femmes en activité au Japon entre le début des années 1970, marquant le commencement de la deuxième vague féministe, et les années 2010, avec pour objectif d’interroger les sociabilités et les circulations artistiques au fil des grandes ruptures du dernier tiers du XXe siècle et du début du XXIe siècle.

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Raphaëlle Yokota