On ne peut que constater une certaine étanchéité entre les travaux produits dans le cadre des laboratoires d’histoire, de sociologie et d’anthropologie et ceux des chercheurs qui travaillent sur l’Asie. Partant de ce constat, l’axe religions en Asie s’efforce depuis quelques années de créer des passerelles et d’amorcer un dialogue entre des mondes qui ne se rencontrent que rarement
Regards croisés sur les espaces partagés de la dévotion
Alors que dans les pays d’Asie orientale les systèmes religieux sont souvent spontanément placés sous le signe du mélange et de l’hybridation, à l’inverse, au sein des religions abrahamiques, la notion d’espace partagé par différentes confessions peut sembler surprenante et c’est cette dissonance qui en fait un objet de recherche relativement nouveau. Il s’est imposé comme un moyen de dépasser une conception largement partagée des religions monothéistes comme des systèmes exclusifs qu’une actualité brutale ne cesse de souligner.
Des espaces qui, sous différentes modalités, pourraient être partagés par des dévots issus de plusieurs courants ou religions différentes ? Ce serait un changement de perspective qui permettrait de reconsidérer la vision mécaniste des grandes traditions monothéistes comme des réservoirs de violence. Des espaces de pèlerinage, des lieux de dévotion, des saints, des objets qui donnent lieu à des échanges entre des dévots sans confusion des identités comment cela est-il possible ? Existe-t-il une archéologie de ces espaces ? Est-il possible d’établir une taxinomie des modes de partage ? Le terme « partage » ne représente-t-il pas un biais méthodologique par une trop grande accointance avec une vision chrétienne de l’échange ?
Parallèlement, la notion de syncrétisme religieux, fréquemment mobilisée pour définir les diverses formes d’hybridation et de panachage des grandes traditions religieuses en Asie (bouddhisme, hindouisme, taoïsme, shintô, confucianisme, islam, christianisme …), fait, elle aussi, l’objet d’un examen critique. Ce terme présuppose l’existence de vastes ensembles stables dans le temps et aux frontières claires. Mais il tend aussi à minimiser la pluralité, la complexité de ces traditions considérées indépendamment d’un espace social où elles se déploient.
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