L'Océanie serait-elle « le continent invisible » dont parle JMG Le Clézio dans Raga (Le Seuil, 2007), «un lieu sans reconnaissance internationale» ? La reconnaissance ne serait-elle que «littéraire» avec ses clichés hérités de l'époque des grands navigateurs du XVIIIème siècle ?
La Nouvelle-Calédonie est l'exemple type d'un pays d'une grande beauté, possédant des richesses naturelles, «l'île la plus proche du paradis», mais aussi une terre de violences disputée entre ceux qui estiment qu'elle est «leur» terre parce qu'ils sont les «premiers occupants» et ceux qui y sont venus, «victimes de l'Histoire», «venus contre leur gré ou cherchant une seconde chance», entrepreneurs et main-d'œuvre recrutée par une propagande souvent mensongère.
Deux logiques s'y sont donc affrontées : le droit du premier occupant colonisé et le droit de la majorité issue du suffrage universel. En 1988, les accords de Matignon-Oudinot apportent la paix en respectant les aspirations antagonistes, suivis de l'accord de Nouméa en 1998. Voici venu le temps du «vivre ensemble» qui n'empêche pas que la nature des liens à adopter entre la Nouvelle-Calédonie et la République continue à diviser les forces politiques.
Le colloque international des 25 et 26 avril 2008 intervient neuf ans après le colloque de Nouméa sur La souveraineté partagée en Nouvelle-Calédonie (1998, actes publiés sous la direction de J-Y Faberon et G. Agniel, La Documentation française, 2000). Organisé par le Réseau Asie du CNRS, il est présidé par l'ancien Premier ministre Michel Rocard qui a su créer les conditions de la réconciliation. Le colloque fera une large place au débat avec des témoins et acteurs de la période 1981-2007 et devrait apporter des éléments d'appréciation inédits. Le 26 avril, des universitaires et des intellectuels engagés reviendront sur l'histoire mouvementée de la Nouvelle-Calédonie contemporaine, étudieront les évolutions possibles des relations entre ce pays et la France et montreront que ce qu'on a appelé «le processus calédonien» peut servir de modèle à d'autres régions en crise.
Une rencontre exceptionnelle pour faire connaître le «continent invisible».
Lieu du colloque
25 avril 8h30-12h30 : Mairie de Paris, Auditorium
25 avril 13h30-18h : Palais du Luxembourg, salle Médicis
26 avril, 8h30-18h : Palais du Luxembourg, salle Médicis
Il est impératif de s'inscrire avant le 18 avril 2008 (les inscriptions seront prises dans l'ordre des demandes et dans la limite des places disponibles).
Programme provisoire
Vendredi 25 avril, 8h30-12h00 : Mairie de Paris, auditorium
-Allocution de M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris, ou de son représentant.
- Allocution de M. Jean-François Sabouret, directeur du Réseau Asie-Imasie (FMSH-CNRS).
-Projection du film Les médiateurs du Pacifique, après présentation par Charles Belmont.
Mêlant images de l'époque, bribes de reconstitution et interviews, Charles Belmont (auteur, notamment, de Rak et d'Histoire d'A.) retrace avec brio cette périlleuse mission d'apaisement.
Il est vrai qu'il a à sa disposition des «acteurs» exceptionnels. D'abord Christian Blanc qui connaît le poids des mots. C'est en termes savoureux qu'il décrit ses entretiens avec le chef de file des Caldoches, Jacques Lafleur, et avec le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, qu'il réussit in fine à réunir autour d'une table de négociations.
Mélangeant le récit de ce personnage clé de l'histoire à ceux des autres médiateurs, Charles Belmont arrive à entretenir une tension dramatique digne d'un très bon thriller. Michel Rocard s'est lui aussi prêté au jeu. Face au politologue Olivier Duhamel, coscénariste du film, il fait preuve d'une liberté de ton et d'un humour - surtout lorsqu'il évoque François Mitterrand ! - qui sont une des (nombreuses) bonnes surprises du film.
On l'a un peu vite oublié : les médiateurs, des hommes qu'à priori rien ne réunissait, ont atteint leur but : apaiser à la fois les tribus canaques qui s'étaient insurgées au nom de leur dignité et les Caldoches vivant dans la hantise de connaître un sort comparable à celui des pieds-noirs d'Algérie. Ce film passionnant, surprenant aussi, rappelle, à grand renfort d'images fortes, que le pire n'est pas une fatalité.
(Joshka Schidlow, Télérama, 1997)
Vendredi 25 avril 13h30-18h30, Palais du Luxembourg, salle Médicis, Témoignages
-Ouverture par M. le Secrétaire d'État à l'Outre-mer Yves Jégo, ou son représentant.
- Allocution de Mme Déwé Gorodey, représentante du Président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
- Débat présidé par M. Michel Rocard.
Personnalités invitées
1/ De Nouvelle-Calédonie :
Madame Déwé Gorodey, représentante du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie;
Monsieur Jacques Lafleur, ancien député (signataire des Accords de Matignon) ;
Monsieur Philippe Gomès, président de la Province Sud Madame Caroline Machoro (signataire des Accords de Matignon);
Monsieur Pierre Bretegnier, conseiller de la Province Sud et du Congrès de Nouvelle-Calédonie (signataire des Accords de Matignon-Oudinot);
Monsieur Rock Wamytan, ancien président du FLNKS (signataire de l'Accord de Nouméa)
Monsieur Ismet Kurtovitch, docteur en histoire, chef du Service des Archives.
2/ De métropole :
Monsieur le ministrede l'Outre-mer Jean-Jack Queyranne ;
M. le Préfet Michel Levallois, ancien directeur des affaires politiques du Secrétariat d'État à l'Outre-mer;
Monseigneur Paul Guiberteau, Monsieur Pierre Steinmetz, et Monsieur le Pasteur Jacques Stewart, membres de la mission du Dialogue en 1988 ;
Messieurs Bernard Grasset, Thierry Lataste et Jean Montpezat, anciens hauts-commissaires en Nouvelle-Calédonie;
Monsieur Bernard de Gouttes, ancien procureur à Nouméa;
Messieurs Wallès Kotra, Alain Rollat et Henri Weill, journalistes ayant couvert la période des Accords de Matignon.
M. Bernard Baissat projettera le montage d'archives «Après les accords de Matignon-Oudinot - Témoignages 1989-1990» durant les discussions.
Samedi 26 avril 2008, Palais du Luxembourg, salle Médicis, APPROCHES
Présentation de la journée présidée par M. Michel Rocard
Première partie : Les forces politiques face aux Accords
- François Audigier (Maître de conférence,Université de Nancy 2) : Le RPR (puis l'UMP) et les Accords de Matignon et Nouméade 1988 à nos jours
- Sarah Mohamed Gaillard (Maître de conférence,INALCO) : Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie et les Accords de Matignon et Nouméa
- Pierre Bretegnier: RPCR et Rassemblement et les Accords de Matignon et Nouméa
Deuxième partie : Les Accords et après les Accords (20 ans de négociations ininterrompues)
- Alain Christnacht (Ancien conseiller du Premier ministre Lionel Jospin) : L'Accord de Nouméa comme reconnaissance mutuelle d'une citoyenneté commune et outil d'une décolonisation consensuelle
- Jean-Yves Faberon (Professeur, Université de Nouvelle-Calédonie) : L'idée fédérale en Nouvelle-Calédonie depuis les Accords de Matignon
- Patrice Jean (Maître de conférence, Université de Nouvelle-Calédonie): La condition de résidence exigée pour certains scrutins en Nouvelle-Calédonie : de Matignon à Versailles
Troisième partie : Les Accords vus du Pacifique
- Nathalie Mrgudovic (Maître de conférence, Université Aston, Royaume-Uni) : Les événements de NC vus des Etats et Territoires du Pacifique
-Sémir Al Wardi, (Maître de conférence, Université de la Polynésie française) : Les Accords sont–ils transposables dans d'autres collectivités françaises d'outre-mer ?
- Régis Lafargue (conseiller, Cour de Cassation) : La coutume et le droit français
- René Dosière : Les débats parlementaires sur l'Accord de Nouméa
Quatrième partie : Les Accords dans l'Histoire
- Eric Waddell (Professeur, Université de Laval, Canada) : « La parole est sacrée » : Jean-Marie Tjibaou et le véritable enjeu des Accords de Matignon
- Yoko Oryu (Chercheur, Université de Tokyo, Japon) : La préparation des Accords dans les années quatre-vingts
- Jean-Marc Regnault (Maître de conférence honoraire, Université de la Polynésie française) : Les Accords de Matignon et de Nouméa dans la longue durée de la présence française dans le Pacifique Sud
Conclusion
- Robert Aldrich (Professeur à l'Université de Sydney) : A la redécouverte de l'Océanie
- Michel Rocard : Faire vivre les Accords