Avec la signature de l’accord de Matignon en 1988 prorogé en 1998 par celui de Nouméa, les Kanak abordent un tournant décisif de leur histoire. Les tribus baignent désormais dans une société calédonienne marquée par de vigoureuses dynamiques de développement soutenues à la fois par les transferts massifs de l'État et par une intensification d'une production de nickel entraînée par la " mondialisation ". De surcroît avec l'institutionnalisation de leur culture les Kanak jouissent d'un niveau de reconnaissance exceptionnel dans l'enceinte républicaine. De prime abord toutes les conditions semblent réunies pour réaliser l'objectif tant recherché d'une " intégration des Kanak à l'économie de marché ". La tribu de La Conception sur laquelle porte ce travail de thèse semble faire référence en la matière. Or en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs dans le monde le développement et la culture entretiennent un rapport contradictoire et conflictuel. Les tensions enregistrées dans ce rapport sont patentes à La Conception car cette tribu possède la particularité unique d'être établie en plein cœur de l'agglomération du Grand-Nouméa. En prise directe avec de puissantes dynamiques urbaines et les formes classiques d'une société moderne, la communauté de La Conception subit impuissante le flétrissement de sa sphère culturelle. Pour contrer ce processus des jeunes kanak de cette tribu créent une association et décident de réhabiliter un patrimoine légué par leurs ancêtres : la culture irriguée en terrasses du taro. Action de développement née d'une réflexion sur une " culture vécue " et à laquelle appartient l'auteur, voila comment doit-être située cette initiative. Appuyé sur cette expérience, ce travail de thèse questionne le rapport entre culture et développement. Quand le développement s'intègre mal à une communauté, on dit couramment qu'il rencontre des obstacles culturels. D'aucuns prétendent que la culture est un frein au développement. Et si ces résistances n'étaient pas simplement des obstacles qu'il suffirait de comprendre pour les contourner ? Ne pourraient-elles pas représenter une forme politique d'expression cherchant à donner un sens plus " humain " au développement ? Pour penser le rapport entre culture et développement, ce travail intègre une dimension politique héritée de la colonisation. Economique, culturel et politique, tels sont les trois secteurs à travers lesquels sont recherchées les " Contradictions culturelles du développement ".
With the signature of Matignon's agreement in 1988, extended in 1998 by the Noumea's one, Kanak were coming to a turning point of their history. Tribes are now immersed in a Caledonian society marked by vigorous development processes which, at the same time, are boosted by State's massive transfers of money and by an enhancement of the nickel production due to "globalization". Moreover through the institutionalization of their culture, Kanak enjoy a special level of recognition in the republican arena. At first glance, all conditions seem to be met to reach the objectives which are pursued through the "incorporation of the Kanak in a free market ". The tribe of La Conception which this thesis focuses on, seems to be a standard reference in the domain. In New Caledonia as elsewhere in the world, development and culture maintain a contradictory and controversial relation. Tensions are obvious in La Conception because this tribe has the unique feature to be situated in the very center of the urban area of Grand-Nouméa. Tuned into the powerful urban dynamics and classical forms of a modern society, the community of La Conception is affected by the deterioration of its cultural sphere. To counter this process, young kanak persons of this tribe created an organisation and decided to rehabilitate one of their forefathers' heritages: the terrace irrigated taro cultivation. This local initiative should be seen such as an action of development which is generated by a thought on a " lived culture " (which the author belongs to),. Based on this experience, this thesis questions the relationship between culture and development. When development badly integrates into a community, it is fluently said that it meets cultural obstacles. Some people assert that culture acts as a brake on development. Are not those resistances mere obstacles which have just to be understood and then to be overcome? Could not they represent a political form of expression trying to give a more "human” sense to development? To think out the relation between culture and development, this work refers to a political dimension inherited from colonization. Economic, cultural and political, such are the three domains through which this thesis researches on the "cultural contradictions of development ".