Cette thèse de sociologie porte sur le logement et ses acteurs – logés, logeurs, voisins et administrations – au sein de quatre types d’espaces à Pékin : 1) les souterrains situés sous les résidences d’habitation, 2) les colocations dans les étages des bâtiments de ces mêmes résidences, 3) les espaces interstitiels en ville composés de maisons basses et enfin 4) les villages urbains. Ma réflexion s'inscrit dans le contexte de la transformation de l’accès au logement en Chine depuis les années 1990, de l’importance du phénomène migratoire interne au pays qui a nourri la croissance des villes impliquant une transformation importante du bâti, et enfin du contrôle de la population à l’échelle locale par le truchement – entre autres – de l’accès au logement.Mon enquête de terrain, réalisée entre décembre 2010 et juin 2014 à Pékin, s’appuie sur l’ethnographie de plusieurs de ces espaces dans lesquels j’ai habité pour des durées allant de quelques semaines jusqu’à cinq mois et sur les entretiens réalisés avec des habitants et des logeurs dans des lieux situés aussi bien en périphérie (arrondissements de Changping, Haidian et Chaoyang) qu’en centre-ville (arrondissement de Dongcheng). Cette enquête a été complétée d’un terrain numérique réalisé de décembre 2015 à mars 2016 portant sur un des principaux sites d’annonces en ligne entre particuliers pour ce type de logement, 58tongcheng.Par-delà la variété de leurs caractéristiques physiques et de leur emplacement en ville, les espaces étudiés ont en commun plusieurs facteurs qui permettent de les considérer comme les variations d’un même phénomène : le logement partagé. Ces espaces se rejoignent ainsi par la forme qu’y prend la location (chambres individuelles et lits à louer) ; le statut d’occupation des habitants qui reflète différents degrés d’informalité et de précarité ; le coût des locations inférieur au marché locatif normal et qui facilite l’accès au logement de catégories de population aux revenus modestes ou cherchant à limiter leurs dépenses ; les trajectoires résidentielles vers et depuis ces différents espaces ; leur ciblage par la municipalité de Pékin ; et, enfin, les pratiques habitantes qui s’y développent et qui sont marquées par le partage de l’espace et l’imbrication à différentes échelles des relations de voisinage.En effet, l’imbrication des rapports locatifs – la location d’un lit au sein d’une chambre elle-même sous-louée par exemple – en plus de densifier l’occupation de ces logements, brouille le statut de logeur et complexifie les relations entre cohabitants. Cette thèse entend montrer l’importance des liens interpersonnels dans la structuration des manières d’habiter, des parcours de vie d’habitants et in fine de leur place en ville. Parmi ces manières d’habiter, je mets en avant l’existence d’une éthique de sacrifice du confort jugée nécessaire pour se saisir d’opportunités et réussir à « prendre pied » en ville. Je montre également les effets d’une telle éthique et des incertitudes liées au logement sur les temporalités habitantes. Enfin, c’est en prenant en compte les manières d’habiter et le traitement de ces habitants et de ces espaces de logement par la Municipalité que j’interroge la place et le rôle qu’ont ces espaces dans la ville et le rapport à la ville que cela implique pour leurs habitants.
« Prendre pied » à Pékin ? Habiter la ville depuis les espaces de logement partagés : souterrains, villages urbains, maisons basses et appartements.
Auteur
Emmanuel Caron
Tutelle
Paris, EHESS
Sous la direction de
Isabelle Thireau
Disciplines
Sociologie
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Langues
fr
Mots-clés
Logement -- Pékin (Chine)
Logement partagé -- Pékin (Chine)
Locataires -- Pékin (Chine)
Annonces immobilières -- Pékin (Chine)
Modes de vie -- Pékin (Chine)
Politique du logement -- Pékin (Chine)
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