Les Fleurs artificielles

Présentation

L’image de Japonais imitateurs possède une longue histoire: en Europe, elle émerge auxviiieet a connu jusqu’à récemment différentes phases caractéristiques. Bien que liée à la modernisation, cette histoire n’éclaire pas uniquement la rencontre du Japon avec la culture européenne, elle est aussi le miroir des conceptions de l’art en Occident où des contremodèles étaient nécessaires afin de soutenir l’idée que la création est la valeur suprême. La première partie de ce livre a pour objectif de montrer, à travers les discours sur le Japon, comment et pourquoi à l’époque moderne la question esthétique de l’imitation est au cœur des rapports de domination symbolique entre les cultures et, plus largement, entre les hommes.

Les Japonais n’ont pas été passifs face à cette situation. Ils ont assimilé et réemployé ce discours, vis-à-vis de la Chine notamment, et essayé d’y réagir, que ce soit par le déni, la réactivation de savoir-faire locaux ou l’invocation d’un esprit national. Toutefois, bien qu’ils aient rejeté la plupart des dispositifs uniquement mimétiques, ils n’ont pas accepté une attitude purement subjective vis-à-vis de la création, ce qui se manifeste par un goût pour tout ce qui, de la matière, ne peut être sublimé, comme la terre ou les os.

L’analyse d’œuvres majeures du Japon moderne et contemporain commeVivrede Kurosawa Akira etLe Voyage de Chihirode Miyazaki Hayao a pour but de montrer, comment de grands artistes japonais du xxesiècle ont fait travailler ensemble les notions de création et d’imitation, et comment ces approches alternatives, qui s’opposent à une vision héroïque et désocialisante de l’auteur, permettent d’assumer, autant que possible, la mort dans la vie.

Auteur

Michael Lucken est né à Genève en 1969. Maître de conférences, puis professeur à l’Inalco depuis 2000, il y dirige actuellement le Centre d’Études Japonaises (CEJ).

Après des études d’art, il tente au début des années 1990 de monter une galerie d’art contemporain. Il poursuit en parallèle l’apprentissage du japonais commencé en cours du soir à l’Inalco en 1988. En 1999, ayant abandonné l’idée d’exercer dans le marché de l’art, il soutient, sous la direction de Jean-Jacques Origas, une thèse sur l’art et la politique artistique au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale grâce au soutien de Tan.o Yasunori et Kawata Akihisa.

Après avoir publié l’Art du Japon au vingtième siècle, un ouvrage qui fut salué par Kikuhata Mokuma comme un « véritable aiguillon dans l’histoire de l’art moderne japonais », il s’intéresse aux monuments aux morts et à la photographie de guerre, deux objets qui lui permettent de continuer à faire dialoguer histoire et esthétique. Ce travail trouve son aboutissement dans les Japonais et la guerre, 1937-1952, un ouvrage récompensé en 2014 du Prix Thiers de l’Académie française.

Membre de l’Institut universitaire de France entre 2010 et 2015, Michael Lucken profite de cette période pour développer une réflexion sur la création à l’époque moderne à travers le prisme négatif de l’imitation. S’appuyant sur la pensée de Nakai Masakazu, il montre que le rejet de l’imitation est toujours un outil de domination, que ce soit au niveau des relations internationales, de la hiérarchie des arts ou des rapports sociaux. À travers l’analyse des œuvres d’art moderne japonais, il tente de mettre en évidence un processus d’imitation / création "alternatif" qui assume ouvertement la part du mimétisme sans pour autant lui attribuer une place fixe.

Sommaire

Histoire de l’Autre en imitateur

Le Japon singe

Copycat Japan

L’Occident et l’invention de la création

The West and the Invention of Creation

Déni, rejet et sublimation de l’imitation

The Denial, Rejection, and Sublimation of Imitation

Chasse gardée

No Poaching

Vu du Japon

Seen From Japan

La logique du reflet chez Nakai Masakazu

The logic of reflection in Nakai Masakazu

Image
Image 0 (Les Fleurs artificielles)
Date de parution
Collection
AsieS
Pages
278
ISBN/ISSN
9782858312702
Auteur(s)
Michael Lucken
Éditeur
Presses de l'Inalco